• 06nov

    L’arrêté fixant les nouvelles tailles légales de capture au 6 novembre 2012 vient d’être publié. Il fait suite à la charte pour une pêche en mer de loisir éco-responsable qui peaufine la réglementation de la pêche de loisir.

    Pêche professionnelle : Les pêcheurs professionnels ne sont pas concernés par cette loi. Un texte ne concernant que la pêche professionnelle pourrait voir le jour prochainement.

    Pavillon Français / Pavillon Belge : Il concerne les poissons capturés sous pavillon Français, peu importe la zone de pêche, et les poissons capturés dans les eaux territoriales françaises, peu importe le pavillon du navire (pavillon Belge, Espagnol, Italien par exemple). Les pavillons Belges ne sont donc pas épargnés.

    Remarques à la première lecture de cet arrêté :
    – Le Barracuda semble oublié.
    – L’Espadon a une taille légale minimale revue à la hausse, mais uniquement en Mer du Nord/Manche/Atlantique ! Dommage pour cette espèce qui se fait de plus en plus rare en Méditerranée.
    – Orphie : Pas de taille minimale en Méditerranée.
    – Sar à tête noire : Pas de taille minimale en Atlantique.
    – Bonites (dont pélamide) : pas de taille limite ! Pourtant des poissons très présents qui peuvent être facilement victimes de surpêches en Méditerranée. La pélamide est de plus en plus présente en Atlantique.
    – Denti, Marbré, Liches : toujours pas de taille minimale.
    – Lieu jaune : il reste à 30 cm, mais ne se reproduit qu’à 60. On aurait aimé une montée, ne serait-ce qu’à 40 cm pour avancer.
    – Pagre : pas de taille minimale de capture en Atlantique…

    Téléchargement (PDF) : Arrêté du 6 novembre 2012 : nouvelles tailles légales de captures

    Tableau des nouvelles tailles légales de captures :

    Poisson Nom scientifique Taille légale
    Mer du Nord,
    Manche,
    Atlantique
    Méditerranée
    Anchois Engraulis encrasicolus 12 cm 9 cm
    Bar commun / Loup Dicentrarchus labrax 42 cm 30 cm
    Bar moucheté Dicentrarchus punstatus 30 cm -
    Barbue Scophtalmus rombus 30 cm -
    Cabillaud Gadus morhua 42 cm -
    Cardine Lepidorhombus spp. 20 cm -
    Cernier Atlantique Polyprion americanus - 45 cm
    Chapon Scorpaena scrofa 30 cm 30 cm
    Chinchard Trachurus spp. 15 cm 15 cm
    Congre Conger conger 60 cm 60 cm
    Corb Sciaena umbra 35 cm 35 cm
    Dorade grise Spondyliosoma cantharus 23 cm 23 cm
    Dorade rose / commune Pagellus bogaraveo 23 cm 33 cm
    Daurade royale Sparus aurata 23 cm 23 cm
    Eglefin Melanogrammus aeglefinus 30 cm -
    Espadon Xiphias gladius 170 cm -
    Flet Platichthys flesus 20 cm -
    Germon Thunus alalunga 2 kg -
    Hareng Clupea harengus 20 cm -
    Lieu noir Pollachius virens 35 cm -
    Lieu jaune Pollachius pollachius 30 cm -
    Lingue Molva molva 63 cm -
    Lingue bleue Molva dipterygia 70 cm -
    Limande Limanda limanda 20 cm -
    Limande sole Microstomus kitt 25 cm -
    Lotte Lophius piscatorius 50 cm -
    Maigre Argyrosomus regius 45 cm 45 cm
    Maquereau Scomber spp. 20 cm 18 cm
    Maquereau mer du Nord Scomber spp. 30 cm -
    Merlan Merlangius merlangus 27 cm -
    Merlu Merluccius merluccius 27 cm 20 cm
    Mérous Epinephelus spp. - 45 cm
    Mostelle Phycis blennoids 30 cm 30 cm
    Mulet Mugil spp. 30 cm 17 cm
    Orphie Belone belone 30 cm -
    Pageot acarne Pagellus acarne - 17 cm
    Pageot gros oeil Pagellus bogaraveo - 33 cm
    Pageot rouge Pagellus erythrinus - 15 cm
    Pagre commun Pagrus pagrus - 18 cm
    Plie/carrelet Pleuronectes platessa 27 cm -
    Rouget barbet ou de roche Mullus spp. 15 cm 15 cm
    Sar commun Diplodus sargus 25 cm 23 cm
    Sar à museau pointu Diplodus puntazzo - 18 cm
    Sar à tête noire Diplodus vulgaris - 18 cm
    Sardine Sardina pilchardus 11 cm 11 cm
    Soles Solea spp. 24 cm 24 cm
    Sparaillon Diplodus annularis - 12 cm
    Thon rouge Thunnus thynnus 30 kg ou 115 cm 30 kg ou 115 cm
    Turbot Psetta maxima 30 cm cm

    L’arrêté du 19 mars 2007 déterminant les tailles minimales de capture des poissons et autres crustacés est annulé.

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  • 01nov

    Taille légale du bar : 42 cm !

    Depuis la publication de la charte pour une pêche en mer de loisir éco-responsable, la législation se renforce en vue de la gestion des ressources marines. Dans la continuité de l’application de la charte, un nouvel arrêté rassemble toutes les tailles minimales de capture et revoit à la hausse certaines tailles, dont celle du bar commun.

    La taille légale de capture du barDicentrarchus labrax – a été rehaussée à 42 cm au lieu de 36 cm sur la face Atlantique.
    Outre Atlantique, la taille légale du loup (son appellation locale) passe à 30 cm au lieu de 25 cm en Méditerranée d’après mes dernières informations.

    Novembre 2012 : la taille légale de capture du bar passe à 42 cm

    En 2002 Pecheweb.com (devenu Fishermag.com) faisait la promotion d'une taille minimale de capture du bar à 42 cm.

    Il s’agit d’une mesure pour laquelle de nombreux acteurs de la pêche de loisir ont milité. Les sites Internet, les compétitions (la première fût l’Open Bar des Abers), les associations dont le Collectif Bar Européen ont tous contribué à promouvoir cette mesure qui tient du bon sens. Pourquoi spécialement le bar ? Parce qu’il s’agit de l’espèce la plus recherchée par les pêcheurs de loisir en France et qu’il est particulièrement important de préserver les ressources de cette espèce. Le bar est un moteur qui a amené à une mesure globale révisant les tailles légales de captures d’autres espèces emblématiques telles que le cabillaud, la daurade royale, la dorade grise, la sole ou encore le maigre

    Reste à appliquer ces nouvelles tailles légales de capture à la pêche professionnelle (décision Européenne) et surtout à évoluer vers le repos biologique de certaines espèces.

    Si je me fie aux dernières réunions au sujet des tailles légales de capture des poissons et crustacés, les mesures suivantes devraient figurer sur l’arrêté :

    1) Quelques tailles légales de captures mises à jour :

    • Daurade royale : 23 cm au lieu de 19 cm.
    • Bar commun : 42 cm au lieu de 36 cm en Atlantique et 30 cm au lieu de 25 cm en Méditerranée.
    • Sole : 25 cm au lieu de 24 cm.
    • Maigre : aucune taille n’était fixée, nouvelle taille légale 45 cm (maille biologique, volonté des 5 fédérations) ou 30 cm (volonté d’autres intervenants)
    • Rouget barbet : 15 cm au lieu de 11 cm.
    • Dorades grises et roses : 23 cm…

    2) Repos biologique :
    Les volontés entre la pêche de loisir et la pêche professionnelle divergent, les pêcheurs professionnels étant contre le respect du repos biologique concernant le bar.
    3) Quotas journaliers :
    Face au refus des pêcheurs professionnels du respect du repos et des tailles biologiques, les fédérations représentatives des pêcheurs de loisir se sont bloquées à leur tour, considérant avoir fait de grandes concessions en rehaussant de nombreuses tailles légales de capture pour les pêcheurs de loisir.

    Chronologie des lois depuis la charte  pour une pêche de loisir éco-responsable.

    Rappel des derniers grands changements en terme de législation pour le pêcheur de loisir :

    Pour mieux comprendre (tailles légales, pêches raisonnées, repos biologique du bar)

    Livre La pêche du bar

    Livre La pêche du bar, éditions Vagnon

    Un extrait de mon dernière livre « La pêche du bar » aux éditions Vagnon (publié en décembre 2011), à propos des ressources de bar, des tailles biologiques et du repos biologique, pages 20-21 :

    Éthique du pêcheur sportif

    Consommation du bar :

    Un bar en croûte de sel ou un filet de bar au fenouil, c’est si bon ! Il est normal de prélever et de savourer ce mets de premier choix, avec la fierté d’avoir apporté à table un plat servi dans les restaurants étoilés. Ce n’est pas interdit, il n’y a pas de quoi rougir dans la mesure où tout prélèvement, bien mesuré et réfléchi, se fait sans excès.

    Maille du bar en compétition :

    • La FFPM, Fédération Française des Pêcheurs en Mer, a passé la taille minimale des bars comptabilisés à 40 cm dans le cadre de ses compétitions officielles.
    • Dans le cadre des compétitions de pêche du bar aux leurres, regroupées dans un circuit nommé Labrax Cup®, les bars ne sont comptabilisés qu’à partir de 42 cm.

    Maille biologique :

    Vous pouvez voir sur le tableau « Maturité sexuelle » en page 17 qu’au cas extrême, la femelle ne se reproduit qu’à partir de 40 cm en Méditerranée et 42 cm en Manche/Atlantique. Pour être certain de prendre un bar mature qui s’est reproduit au moins une fois, puisqu’il n’existe pas de moyen efficace pour distinguer un mâle d’une femelle sans les tuer, il convient de se fixer une taille minimale de capture à 40 cm en Méditerranée et 42 cm ailleurs. C’est ce que j’appelle la « maille biologique », ou « taille minimale biologique de capture », qui amène à relâcher tout bar juvénile.

    Cette éthique vise à remettre à l’eau plus de poissons qu’en suivant les mailles légales.

    Cependant, que les débutants se rassurent, en terme de gestion des stocks, un pêcheur occasionnel qui ne garde dans son année que 5 bars de la maille légale (36 cm sur la face atlantique et 25 cm en Méditerranée) ne fait pas plus de mal à la ressource qu’un pêcheur régulier qui conserve des dizaines de bars de plus de 42 cm dans sa saison, bien au contraire.

    Pour suivre ce raisonnement, un pêcheur ne peut se positionner en tant que défenseur de l’espèce par le simple fait qu’il se soit approprié l’étiquette « maille à 42 cm », s’il conserve une quantité indécente de bars dans son année.

    Ressource de bars en surveillance :

    La maille biologique n’est qu’un premier pas vers une pêche raisonnée, la limite des captures vient en complément. Vous avez peut-être remarqué qu’aujourd’hui, les cartons de bars ne sont plus fièrement exposés. C’est déjà un grand pas vers la prise de conscience de l’appauvrissement des ressources de bars. D’ailleurs, à qui la faute ? Aux pêcheurs amateurs qui, du bord, capturent des quantités de bars juvéniles sous prétexte qu’ils ne connaissent pas la législation ? Aux quelques plaisanciers qui quadrillent les bonnes zones aux palangres ou réalisent des bons coups de plus de 50 kg dès que possible ? Aux bolincheurs à l’affût du retour du bar pour prélever plusieurs tonnes tout près de la côte ? Aux chalutiers pélagiques, équipés de sonars et de caméras derniers cris, qui prennent les bars reproducteurs à la volée sur les zones de frai ?

    Si les dérives existent chez tous les traqueurs de bars, les statistiques montrent que la baisse des ressources est majoritairement actée par le chalutage pélagique « en boeuf » et le chalutage de fond sur les zones de frai l’hiver, à raison de plus ou moins 3 000 tonnes par an. Il est fort probable que cette surexploitation locale de bancs de bars concentrés pour se reproduire ne soit pas compatible avec le maintien d’une quantité de reproducteurs suffisante et que le comportement reproducteur des bars soit perturbé par les opérations de pêche.

    En outre, si tous les bars ainsi pêchés étaient destinés à finir dans l’assiette du consommateur, cette technique aurait un sens. Mais lorsque ces bateaux capturent plusieurs tonnes de bars d’un seul coup, le prix de vente du bar devient dérisoire provoquant un engorgement total du marché qui conduit à jeter une partie de la pêche.

    Les ligneurs, pêcheurs professionnels de bars à la ligne, se sont imposés une limitation de l’effort de pêche durant la période de frai. Ils ont appliqué un arrêt temporaire de la pêche du bar qui apporte un repos biologique à l’espèce.

    L’expérience montre qu’il est préférable de mettre en place des mesures de gestion des stocks visant à en assurer la pérennité avant qu’une dégradation de l’état de ces stocks n’aboutisse à une situation difficile à maîtriser. La généralisation de ce repos biologique à toutes les techniques de pêche professionnelles et de loisir pourrait faire partie de ces mesures bénéfiques.

    Dans ce contexte, il est fort probable que l’effort demandé sur l’accès à la ressource soit réparti entre les usagers au sein de la pêche professionnelle, mais aussi entre les pêcheurs professionnels et les pêcheurs plaisanciers dont nous faisons partie, car la protection de l’espèce est l’affaire de tous.

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  • 26fév

    Ifremer, le bar (Dicentrarchus labrax)

    Publication de février 2011

    Voici une publication toute récente de l’IFREMER sur l’état et la gestion des stocks de bars ainsi que les méthodes de pêche. Il concerne la pêche du bar dans sa globalité, qu’il s’agisse des méthodes professionnelles ou de la pêche de loisir par les plaisanciers.

    A lire attentivement, c’est certainement un texte d’influence pour la suite…

    Le bar, une espèce convoitée

    Sur la façade Manche Atlantique et en mer du Nord, le bar est principalement exploité par la France (environ les deux tiers des débarquements internationaux), le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure par la Belgique, l’Espagne et le Portugal (Figure 1). La moitié des débarquements français (Figure 2) provient du golfe de Gascogne (Zone VIIIa,b sur la figure 4). Ces chiffres ne concernent que les pêcheries commerciales ; en 2008, une étude nationale a montré que, en France, les captures de la pêche récréative étaient du même ordre de grandeur que celles de la pêche professionnelle. Ces estimations seront prochainement affinées à partir des résultats d’une enquête BVA-Ifremer en cours. À noter que certains pays, comme l’Irlande, ont fait le choix de réserver cette ressource à la pêche plaisancière.

    Fig.1 : Répartition européenne des captures de bar Manche Atlantique / pêche professionnelle. Fig.2 : Distribution géographique des captures de bar / pêche prof. française. Total débarquements = 5400 tonnes

    Fig.1 : Répartition européenne des captures de bar Manche Atlantique / pêche professionnelle. Fig.2 : Distribution géographique des captures de bar / pêche prof. française. Total débarquements = 5400 tonnes

    Des méthodes de capture et des acteurs variés

    Le bar est un poisson côtier recherché à la fois par des pêcheurs professionnels et plaisanciers. La pêche professionnelle regroupe des activités très diverses (Figure 3) : elle est pratiquée à l’année par de petites embarcations, qui utilisent la palangre, la ligne de traîne ou les filets. Des pêches saisonnières ont lieu, en hiver, avec des unités plus importantes, qui pratiquent le chalutage pélagique « en bœuf » (à deux navires), le chalutage de fond et plus rarement la bolinche. La pêche à la seine danoise, également saisonnière, se développe en France depuis 2009. Le chalutage contribue à près des deux tiers des débarquements de la pêche professionnelle française.

    Figure 3 : Répartition par engin des captures de bar pour la pêche pro. française (chalut fond, chalut pélagique, ligne,  palangre, filet, bolinche, senne danoise)

    Figure 3 : Répartition par engin des captures de bar pour la pêche pro. française (chalut fond, chalut pélagique, ligne, palangre, filet, bolinche, senne danoise)

    La pêche plaisancière se pratique de nombreuses manières : lignes traînantes, palangres ou filets à partir d’embarcations de plaisance, cannes à pêche depuis le rivage, en plongée au fusil sous-marin.

    Cette diversité des méthodes de pêche peut entraîner des conflits d’usages entre les différentes flottilles professionnelles d’une part, et entre les professionnels et la pêche récréative d’autre part.

    La période de frai, ou « quand le bar devient accessible aux chaluts pélagiques »

    Les chalutiers pélagiques, les bolincheurs, certains chalutiers de fond et récemment la senne danoise ne pêchent le bar, de manière ciblée, qu’en période de frai. La concentration des bars à cette période les rend en effet facilement accessibles par ces techniques de pêche et les rendements sont très élevés. En dehors de cette période, lorsque le bar retrouve un comportement moins grégaire, ces navires ne les capturent que de manière accidentelle. Le bar est alors ciblé par les métiers de l’hameçon, les fileyeurs et les pêcheurs récréatifs.

    La période estivale, ou « quand le bar est présent en zone côtière et donc plus accessible aux ligneurs et aux plaisanciers »

    Comme pour tout poisson prédateur, la quête de nourriture conditionne le comportement du bar, ses mouvements et migrations. C’est une espèce opportuniste. Son régime alimentaire, très varié, (crustacés, céphalopodes, petits pélagiques ou juvéniles de diverses espèces), le mène dans toutes les zones côtières, y compris à de faibles profondeurs (< à un mètre), comme c’est le cas en été. Le bar est alors dispersé, excepté dans des zones particulières (par exemple celles de forts courants) où il peut former des bancs. De façon générale, des fluctuations locales d’abondances de certaines proies (petits pélagiques comme le lançon), liées, notamment, à des variations des conditions hydrologiques, peuvent générer localement des variations de capturabilité des poissons ou de leurs abondances qui ne reflètent pas nécessairement l’abondance globale des stocks.

    Une ressource constituée de plusieurs sous-populations

    L’aire de répartition du bar s’étend, dans l’Atlantique nord-est, des côtes du Maroc au sud de la Norvège (30° à 60° Nord) incluant la mer d’Irlande, la mer du Nord, la mer Baltique, ainsi que la mer Méditerranée et la mer Noire. On le trouve jusqu’à des profondeurs d’une centaine de mètres, et jusqu’à environ 80 km des côtes.

    Sur la façade Atlantique, le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) considère, actuellement, 6 stocks (un stock est constitué par la fraction exploitable d’une population de poissons) : le stock de mer du Nord, dont le lien avec la population de la Manche serait faible ; le stock de Manche-est ; le stock du sud et du sud-ouest des côtes anglaises ; le stock des côtes irlandaises ; le stock de la pointe bretonne (sud de la Manche-ouest et de l’ouest-Bretagne) et le stock du golfe de Gascogne (du sud-Bretagne à l’Espagne). Néanmoins, l’hypothèse que ces stocks correspondent effectivement à des entités biologiques reste à confirmer. En effet de récents travaux s’appuyant sur des expériences de marquage et des analyses génétiques suggèrent que si la mer du Nord et le golfe de Gascogne constituent des unités séparées, la Manche et le sud Irlande pourraient être traités comme une seule entité. Ces travaux indiquent également que le réchauffement climatique pourrait modifier les limites biogéographiques de l’espèce, une extension plus septentrionale de sa distribution étant d’ores et déjà observée. En conséquence, le CIEM recommande la poursuite d’études visant à mieux définir les stocks et leurs limites géographiques.

    Des stocks dont l’évaluation doit encore être améliorée

    Compte tenu des incertitudes sur la délimitation précise des stocks et des données disponibles, les évaluations sont effectuées à l’échelle des zones géographiques suivantes (Figure 4) : IVbc (mer du Nord), VIId (Manche est), VIIeh (Manche ouest), VIIafg (mer Celtique), VIIIab (golfe de Gascogne).

     

    Figure 4 : cartographie des zones CIEM

    Figure 4 : cartographie des zones CIEM

    En 2010, les conclusions du groupe d’experts du CIEM(1) indiquent que :

    • pour le stock de Manche Ouest (Zone VIIe,h) la biomasse des reproducteurs a augmenté entre 2000 et 2005, et diminue depuis. Par ailleurs, la mortalité par pêche s’est accrue depuis 2000, en relation avec une augmentation de l’effort de pêche liée notamment au développement de la pêcherie pélagique dont les débarquements sont les plus importants pour cette zone. Concernant les recrutements, malgré quelques bonnes années au cours de la dernière décennie, la tendance est à la baisse depuis 2000.
    • pour le golfe de Gascogne (zone VIIIab), les résultats d’une évaluation très préliminaire du stock montrent une augmentation de la mortalité par pêche au cours de la dernière décennie. L’évaluation quantitative précise de l’état des stocks de bar reste difficile du fait de l’incertitude des données de capture et en particulier celles concernant la pêche récréative. Des progrès dans l’acquisition de données et de connaissances biologiques de l’espèce sont indispensables pour améliorer l’évaluation des diverses composantes de cette ressource.

    (1) http://www.ices.dk/reports/ACOM/2010/WGNEW/WGNEW%202010%20.pdf

    Des stocks (de bar) qu’il faut préserver

    Aujourd’hui, la réglementation européenne ne limite pas les quantités de prises de bar (pas de TAC ni quotas), mais impose une taille minimale de débarquement, fixée à 36 cm en Atlantique-nord-est. De plus, en France, les apports des chalutiers (pélagiques et de fond) sont limités à 5 tonnes hebdomadaires par navire, mais cette limitation a davantage pour objectif d’éviter l’engorgement des marchés que de gérer la ressource. La pêche à la bolinche est également encadrée aux niveaux individuel et collectif et le plafond total pour la flottille a été établi à 72 tonnes en 2011 (CRPMEM Bretagne, décision du 31 janvier 2011)

    En 2004(2), dans son avis pour la gestion, le CIEM recommandait de limiter l’entrée de navires utilisant des chaluts pélagiques dans la pêcherie, et de prendre des mesures pour protéger les juvéniles. Cet avis reste valable aujourd’hui.

    En dépit de cet avis, on constate que l’effort de pêche a augmenté ces dernières années pour beaucoup de métiers ciblant plus ou moins le bar, sans qu’il soit aujourd’hui possible de quantifier précisément l’effet de cette augmentation sur l’état des stocks. Cependant, les résultats des dernières évaluations du CIEM (2010) indiquent une probable augmentation de la mortalité par pêche en Manche Ouest et dans le golfe et de Gascogne ainsi qu’une diminution de la biomasse de reproducteurs en Manche Ouest (cette donnée n’étant pas disponible pour le golfe de Gascogne).

    Il convient donc de rester particulièrement vigilant. L’expérience montre en effet qu’il est préférable de mettre en place des mesures de gestion des stocks visant à en assurer la pérennité avant qu’une dégradation de l’état de ces stocks n’aboutisse à une situation difficile à maîtriser. Il importe donc d’anticiper une telle situation en intensifiant le suivi des activités et des prélèvements de l’ensemble des acteurs (pêche professionnelle et pêche récréative), en améliorant les connaissances sur la biologie de l’espèce et en organisant un partage de l’accès à la ressource qui permette d’en assurer l’exploitation durable.

    Du bon usage du repos biologique appliqué au bar

    Les arrêts temporaires de la pêche (dont les repos biologiques font partie) sont l’un des moyens de limitation de l’effort de pêche qui figurent dans la panoplie des outils de gestion de la Politique Commune de la Pêche (PCP). Selon les objectifs de gestion, la période de fermeture peut viser à réduire la mortalité par pêche des juvéniles ou des adultes reproducteurs, à organiser le partage de la ressource entre les usagers, ou encore à intégrer des critères de commercialisation du produit. L’effet d’un repos biologique dépend à la fois de la vulnérabilité de l’espèce pendant la période de fermeture (notamment si le poisson se concentre en bancs), et de la réduction effective de l’effort de pêche global qu’engendre l’application de la mesure.

    (2) 2004 est la seule année où, à l’issue de l’évaluation, le CIEM a fourni un avis pour la gestion, à la demande de la Commission européenne

    Dans l’état actuel des connaissances, il semble que l’exploitation d’un stock de poisson au moment du frai n’ait pas beaucoup plus de conséquences sur le renouvellement de ce stock que si les poissons étaient pêchés à une autre période, sous réserve que l’extraction par la pêche totale demeure compatible avec le maintien d’une quantité de reproducteurs suffisante(3) et que le comportement reproducteur des poissons ne soit pas perturbé par les opérations de pêche. Dans le cas d’un stock qui serait composé de sous-unités ayant une dynamique propre (comme c’est le cas pour le bar), le concept de « quantité suffisante de reproducteurs » vaut pour chacune de ces sous-unités. Ne pas en tenir compte pourrait avoir des conséquences graves sur la pérennité de ces sous-unités et, à terme, sur l’ensemble du stock. Comme souligné précédemment, les connaissances sur la structuration spatiale de la population de bar en différents stocks doivent être améliorées. Il convient donc de rester prudent sur les niveaux de mortalité par pêche lors du frai pour éviter les risques de surexploitation locale.

    En tout état de cause, le repos biologique en saison de reproduction tel que préconisé et appliqué par certains usagers ne peut pas se substituer aux indispensables mesures de gestion permettant de réguler l’accès et la pression de pêche globale.

    Vers des mesures de gestion pour une pêche durable ?

    Jusque récemment, les difficultés liées à la gestion du bar résidaient davantage dans des problèmes de partage et/ou d’accès à la ressource que dans l’absence d’une réglementation limitant les captures (TAC). Les analyses les plus récentes indiquent une augmentation vraisemblable de la mortalité par pêche ces dernières années et une probable baisse de la biomasse reproductrice dans certaines zones.

    Aussi, malgré les incertitudes actuelles sur l’état des stocks de bar, il convient 1) de définir des mesures visant à encadrer la pression de pêche voire à la réduire, et 2) de préciser les conditions d’accès à la ressource au sein de la pêche professionnelle, entre les différents métiers pratiqués, et entre les pêcheurs professionnels et les pêcheurs plaisanciers. Pour établir des mesures de gestion adaptées, et notamment le partage de l’accès à la ressource, il convient de connaître la biologie et l’écologie de l’espèce, sa structuration spatio-temporelle, l’état des stocks, les modalités d’exploitation (tailles des poissons capturés, impact des engins sur l’écosystème) et la part relative des différents métiers (y compris plaisanciers) à la mortalité pêche.

    Il est également nécessaire de mesurer les conséquences des stratégies de gestion sur l’écosystème et les impacts socio-économiques (de la qualité du poisson – et donc de son prix – aux considérations en terme d’emplois ou d’attractivité pour le tourisme) qui sont très variables en fonction des flottilles et de la part que représente le bar dans leurs revenus.

    En conséquence, l’exploitation durable de cette espèce suppose de véritables choix politiques qui doivent être examinés et partagés par l’ensemble des acteurs lors de la nécessaire mise en place d’un plan de gestion à long terme.

    (3) Dans des situations critiques où les quantités de reproducteurs sont très faibles, il y a évidemment intérêt à « protéger » au maximum la reproduction en plus d’une réduction totale de la pression de pêche.

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